Loin au nord du Vieux Monde, dans l’ombre des Royaumes du Chaos, se trouve la terre de Norsca. Les lois de la nature y règnent en maître absolu, et seuls les plus forts sont en mesure de survivre. Aussi, quand les parents d’Haargroth furent tués lors d’un raid mené par une tribu voisine, sa vie ne tint plus qu’à un fil. Sans personne pour lui enseigner comment survivre dans une contrée aussi inhospitalière, il fut contraint de mener une existence misérable et de se contenter des restes laissés par les chiens.
Chaque été, tous les guerriers de la tribu embarquaient dans leurs navires pour lancer plusieurs raids contre les riches contrées méridionales. Après de nombreux pillages et massacres, ils revenaient avec suffisamment de provisions pour affronter l’hiver avec sérénité. Ceux qui étaient trop jeunes pour se joindre au voyage recevaient la responsabilité de chasser afin de nourrir la tribu et de peaufiner leurs compétences martiales. Aussi, la fréquence des raclées que recevait habituellement Haargroth de la part de ces jeunes guerriers diminuait-elle à la faveur de ces activités valorisantes. La tribu tolérait de le laisser garder les chèvres et Haargroth passait ses journées assis au milieu des champs, la faim lui tiraillant le ventre. Lorsqu’un jour une de ses bêtes disparut dans la forêt, il ne pouvait prévoir que son destin allait bientôt prendre une tout autre tournure.
Haargroth courut à la poursuite de la chèvre, mais lorsqu’il fut sur le point de pénétrer dans le sous-bois, il tomba sur les restes ensanglantés de l’animal d’où partait une traînée rouge. Il sentit la rage monter en lui et se lança à la poursuite du responsable, pour bientôt se retrouver dans une clairière où sommeillait un homme-bête, le groin encore dégoulinant de son récent festin. Haargroth nota que la créature avait posé sa hache près d’elle, et il sentit sourdre en lui une voix lui intimant de se venger. Lorsqu’il se saisit de l’arme, celle-ci émit un grondement sonore, comme si elle avait voulu lui parler, mais le bruit réveilla la créature qui se jeta sur lui en poussant un terrible mugissement de rage. Instinctivement, le jeune homme abattit la hache qui trancha l’homme-bête de l’épaule à la poitrine. Alors que le sang giclait sur ses guenilles, Haargroth donna libre cours à sa colère et exorcisa dans un accès de haine frénétique toute l’humiliation qu’il avait jusqu’alors renfermée en lui. Il continua de hacher le corps de la créature jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un amas informe d’os et de chair ensanglantés. Quelque chose s’était irrémédiablement brisé dans l’esprit oppressé du simple pâtre qu’il avait été, il venait d’expérimenter une sensation dont il n’avait même pas soupçonné l’existence. Sans le savoir, il avait franchi le premier pas sur le chemin de la gloire et de la damnation.
Haargroth resta longtemps ainsi, le poing fermement crispé sur le manche de sa hache. Il observa avec fascination le sang en disparaître, absorbé par la lame. A son grand étonnement, le rugueux manche de bois devint soudain lisse, et le tranchant se mit à briller intensément lorsqu’une étrange rune apparut sur la lame pendant un court instant. Haargroth quitta la forêt et se dirigea droit sur son village. Lorsqu’il arriva aux portes, les gardes se précipitèrent à sa rencontre afin de le questionner sur le sang qui le couvrait de la tête aux pieds, mais d’un seul revers de hache, il les tua tous les deux.
Désormais, le pâtre soumis et maltraité n’était plus. Vêtu de la fourrure sanglante de l’homme-bête, Haargroth traversa fièrement le village. Les jeunes chasseurs fuirent devant lui alors qu’il se dirigeait vers le grand hall. Personne n’osa défier quelqu’un qui avait été capable de tuer les gardes de sang-froid, aussi prit-il place à la tête de la grande table et se fit-il apporter nourriture et boissons à volonté. Il passa tout l’été à plier les villageois à ses quatre volontés sans que personne n’ait le courage de s’opposer à son règne de terreur.
Lorsque les premières feuilles commencèrent à tomber, la tribu se mit à attendre avec impatience le retour des bateaux. A leur arrivée, les guerriers furent acclamés et les femmes se précipitèrent vers la côte pour les accueillir. Les raids s’étaient révélés fructueux, les cales étaient remplies de trésors, d’esclaves et de toutes sortes de provisions exotiques. Les guerriers de Norsca chantèrent leurs victoires en se dirigeant vers le grand hall afin de commencer les célébrations, mais au moment où ils pénétrèrent dans la salle, les chants cessèrent soudain pour laisser place à un silence menaçant. La coutume voulait que le chef de la tribu pénètre en dernier dans le grand hall, et l’absence d’acclamations pour accueillir son entrée lui indiqua que quelque chose allait de travers. Lorsque la foule s’écarta devant lui, il eut la surprise de voir un étranger assis sur son trône, et la colère monta en lui quand il réalisa que l’imposteur n’était autre que le berger orphelin.
Le gamin avait grandi à une vitesse étonnante depuis la dernière fois que le chef de la tribu avait posé ses yeux sur lui. Animé par la rage, celui-ci brandit sa hache et se jeta en avant. Son arme décrivit un puissant arc de cercle en direction du jeune impudent avec la ferme intention de le tuer net. La foule laissa échapper un murmure d’étonnement en voyant Haargroth se contenter de lever sa hache pour dévier le coup de son adversaire en direction de la table. Avant que le chef n’eût le temps de libérer son arme plantée dans le bois, Haargroth le tua froidement. Il plongea ensuite son regard dans les yeux de chacun des guerriers de la tribu, défiant quiconque de l’affronter, mais tous courbèrent l’échine. Le nouveau chef commanda que la célébration reprenne son cours, mais la fête était résolument gâchée.
La tribu vécut difficilement les mois qui suivirent, car l’unité et la fraternité que son ancien chef avait réussi à instaurer avaient disparu. Tous reconnaissaient Haargroth comme leur nouveau chef, cependant aucun ne se ralliait à son parti.
Pour les tribus dont les raids estivaux s’étaient révélés décevants, l’hiver était dur, et lorsque les provisions se faisaient rares, elles se trouvaient contraintes de partir en guerre contre leurs voisins. Lorsque les premiers flocons de neige tombèrent, le silence reposant du matin fut soudain rompu par les cris de guerre d’une tribu rivale.
Les guerriers rassemblèrent leurs armes et se préparèrent à défendre le village. Haargroth avança à découvert au-devant des ennemis, et pour la première fois les guerriers se rassemblèrent autour de lui. Lorsque les ennemis lancèrent la charge, il resta fermement en première ligne. Sa hache se levait et s’abattait si vite que bientôt, une pile de corps démembrés l’entoura. Inspirés par sa férocité, ses hommes se jetèrent sauvagement sur leurs adversaires jusqu’à ce que tous les envahisseurs trempent dans leur sang. La tribu d’Haargroth, quant à elle, s’en était tirée indemne, et ce ne fut qu’à partir de ce jour qu’elle le considéra comme son chef à part entière. Les guerriers rentrèrent au village victorieux en portant Haargroth en triomphe.
Saturée du sang de ses victimes, la hache s’était à présent transformée en une puissante arme ornementée, mais ce ne fut pas le changement le plus important. Délecté du massacre perpétré par ce mortel, Khorne, le Dieu de la Guerre, accorda ses faveurs à Haargroth. En quelques jours, son corps se transforma, ses muscles se développèrent de sorte qu’il ressembla bientôt plus à une bête qu’à un homme. Tout au long de l’hiver, il mena ses guerriers dans de nombreux raids contre les tribus avoisinantes, remportant chaque bataille en faisant couler des rivières de sang dans les vallées recouvertes de neige. Bientôt, les tribus ennemies se rendirent à la seule vue des guerriers d’Haargroth, ce qui ne l’empêcha pas de n’accorder aucune grâce et de les massacrer jusqu’à ce qu’il n’en reste que les plus forts. A ceux-là, il offrait le choix de rejoindre sa tribu ou de mourir. Cette réputation implacable fut à l’origine du nom de sa horde, les Massacreurs d’Haargroth.
Au cours des quelques années qui suivirent, Haargroth lança des raids audacieux de par le monde, s’aventurant jusqu’à la lointaine Naggaroth et même dans les jungles tropicales de Lustrie. Après chaque victoire, il prit l’habitude de récompenser ses meilleurs guerriers en leur offrant de magnifiques armures bénies par les dieux, des armes enchantées ou d’imposantes montures qu’ils pourraient chevaucher au combat. Dans tous les conflits, Haargroth marcha au-devant de ses forces pour prendre part aux combats les plus rudes et se frayer un chemin sanglant à travers les rangs ennemis.
L’hiver venu, il retournait avec ses guerriers en Norsca où il continuait de faire la guerre aux tribus voisines. Sans cesse à la recherche de nouveaux massacres, il finit par mener sa horde vers le nord en direction des Désolations. L’ennemi continuait de plier sous sa botte, mais Haargroth se plut à combattre si près des Royaumes du Chaos : les adversaires y étaient plus forts et plus brutaux, et quelque chose dans l’atmosphère l’investissait d’une intense sauvagerie. Finalement, il finit par réaliser que personne ne faisait le poids face à sa bande, aussi en appela-t-il à Khorne en personne pour qu’il lui envoie un adversaire digne de lui.
Instantanément, une tempête éclata dans le ciel, et les brumes des Désolations vinrent envelopper ses guerriers. De puissants démons brandissant d’imposantes haches émergèrent de l’épaisse fumée et chargèrent les Massacreurs, tuant plusieurs de ses guerriers d’élite. Dans la confusion, Haargroth se trouva séparé de sa horde et se perdit dans le brouillard. C’est alors qu’il entendit le son de lourds sabots accompagné d’une respiration profonde qui ne pouvait être que celle d’une terrible créature. Apparaissant soudain comme venue de nulle part, une énorme monture se cabra devant lui. Dans ses yeux brûlait le feu de l’enfer et sur son dos se trouvait un imposant chevalier vêtu d’une armure noire où venaient se refléter les ombres de la nuit. Parmi les nombreuses runes la recouvrant, il reconnut la marque de Khorne. Le guerrier maniait une impressionnante épée et protégeait son flanc d’un lourd bouclier noir.
Les dieux avaient répondu à son appel ! Haargroth lâcha un rugissement en guise de cri de guerre et chargea droit sur le cavalier.
Il abattit sa hache de toutes ses forces, mais son coup fut paré par le bouclier de son ennemi. L’impact fut si violent qu’Haargroth sentit vibrer les os de ses bras. Il constata avec stupeur que le bouclier ne portait pas la moindre trace de son coup, et son adversaire profita de cet instant de répit pour faire à son tour décrire à son arme un arc mortel. L’épée baignée de flammes noires vint s’abattre contre la poitrine d’Haargroth, que le coup projeta en arrière. La douleur envahit son corps et la peur infiltra son esprit.
Pour la première fois depuis son enfance malheureuse, il sentit l’humiliation de la défaite. Le cavalier dirigea sa monture vers lui, puis il mit pied à terre et l’attrapa à la gorge pour le soulever jusqu’à ce que ses pieds ne touchent plus le sol. Il se présenta alors comme Archaon, le Seigneur de la Fin des Temps, et ordonna qu’Haargroth et ses hommes se plient à son commandement et rejoignent sa garde personnelle, avec laquelle ils auraient l’honneur de participer aux combats les plus sanglants. Ayant finalement croisé la route de quelqu’un plus fort que lui, Haargroth accepta l’offre d’Archaon, et sa horde, rejointe par d’innombrables Sanguinaires et autres créatures démoniaques, fit dès lors partie de la puissante armée du Seigneur de la Fin des Temps. Néanmoins, Haargroth est toujours en quête de toujours plus de puissance et continue d’accumuler les crânes de ses milliers de victimes au pied de l’autel de son dieu. Lorsqu’il sera prêt, il défiera à nouveau l’Élu, car telle est la voie de Khorne…
Source: Livre d'armée Chaos + site officiel GW