Belegor, de faction ce soir là, se tenait sur un crête surplombant le campement, et observait pensivement l'horizon qui d'heure en heure s'obscurcissait sans qu'il pût déterminer exactement de quoi il s'agissait. On eût dit des milliers d'ailes sombres, mais la distance était si grande qu'il ne pouvait réllement discerner quoi que ce soit. Le Grand Conseil était évidemment déjà au courant, le phénomène ayant commencé depuis plusieurs jours déjà. Se contentant d'enfoncer plus profondément de mains dans ses poches pour chercher de la chaleur dans le froid vif de cette fin de journée, il se rassit à son poste. Soudain retentit la corne du rassemblement.
"Ach, dit-il à son compagnon de garde, zurement le zignal de la zuppe. Che vais deszendre nous chercher deux bols, et un petit tonnelet pour la nuit"
Belegor dévala alors la pente en direction du centre du camp, mais découvrit le Conseil au grand complet juché sur une estrade, et l'ensemble des troupes réunies face à eux en demi-cercle. Lioudane énoncait une liste, et à l'annonce des noms, certains sautaient de joie, exultaient, ou regardaient fièrement le tueur, les yeux brillants d'exaltation.
Je comprends, se dit-il. Le nouveau recrutement. Par la barbe de l'ancêtre, ca fait un paquet de monde.. Enfin ma foi, tant mieux ils ne seront pas de trop.
Manifestement ce n'était pas encore l'heure du repas, mais quitte à être descendu du poste de guet, il décida de tenter sa chance, s'approcha du cuisinier du camp et demanda avec un aplomb très nain:
"Holà maître-coq! Ch'ai entendu le zignal du repas, mets-moi deux porzions pour les zentinelles de la nuit."